• VENDREDI 13 : " L' ENFER ."

    VENDREDI 13, 2009 : " L'ENFER ". ( Cinéma )


    Le "copier/coller" du jour: pour une Oeuvre dense et l'histoire de son

    parcours

    "abracadabrantesque": si Beau , dans l'évocation de la Jalousie

     et de sa

    maladie.


    Époustouflant! Accueil
    AccueilIl arrive que des films inachevés et jamais sortis trouvent, malgré tout, leur place dans les filmographies des cinéastes. C'est le cas de L'Enfer, de Clouzot, tourné en 1964, oeuvre légendaire aux péripéties multiples. A commencer par un épisode assez rare : l'infarctus du metteur en scène, intervenu au bout de trois semaines de tournage. Dans d'autres circonstances, la fin du tournage aurait été ajournée ou le metteur en scène, remplacé. Sauf que cet accident sonna, en son temps, comme une délivrance.


    Plus de quarante ans après, Serge Bromberg et Ruxandra Medrea ont reconstitué cette folle histoire en intégrant à leur récit un matériau de choix qu'on croyait perdu : une partie des rushes et des essais innombrables, tournés par Clouzot, mais sans la bande-son - elle, bel et bien disparue. L'histoire est celle de Marcel (Serge Reggiani) dévoré par le démon de la jalousie. Tenancier d'un petit hôtel de province situé en contrebas d'un viaduc, il passe son temps à épier celle qu'il aime, son épouse éblouissante (trop ?), au prénom proustien, Odette (Romy Schneider). Il la suit, la bombarde de questions, soupçonnant qu'elle le trompe. Un scénario repris par Claude Chabrol en 1994, dans un remake d'excellente tenue, délesté des effets bizarroïdes orchestrés par Clouzot.

    Réaliser un film « plastique », tel est en effet son souhait. A l'époque, au zénith de sa carrière, Clouzot est l'un des cinéastes les plus réputés en France. Il peut tout se permettre : d'ailleurs - chose impensable au­jourd'hui - son budget est illimité ! Puisant dans l'art optique et cinétique, il sollicite plusieurs opérateurs et ingénieurs du son pour lancer diverses expérimentations. Filtrages de couleur, images kaléidoscopiques, tout le monde se prête à ce jeu moderniste, acteurs et techniciens. Aujourd'hui, ces effets paraissent un peu datés. Ce qui se dessine, surtout, c'est l'histoire d'un échec : une greffe impossible entre cinéma « classique » et cinéma expérimental.

    Dans sa folie des grandeurs comme des profondeurs, Clouzot embarque tout le monde. A travers plusieurs témoignages pertinents (notamment le réalisateur Bernard Stora , à l'époque assistant stagiaire), on mesure combien le tournage prend, au jour le jour, une dimension délirante autant qu'absurde : plusieurs caméras, plusieurs équipes qui attendent, et Clouzot le perfectionniste qui s'obstine sur des détails, qui « sadise » le pauvre Reg­giani. Dans un mouvement de spirale infernale, le film fonce dans le mur et personne n'est là pour l'arrêter. Cette fatalité en marche est le fil rouge captivant du documentaire de Bromberg et Medrea : montrer l'enfermement progressif d'un cinéaste à l'intérieur de sa création, perdant pied jusqu'à se confondre avec son personnage masculin.

    Dans cette bérézina, reste un trésor à sauver : Romy Schneider. Délaissant ses aventures en crinoline, l'ex-Sissi débute alors une autre carrière, en France. Elle a déjà tourné avec Welles (Le Procès), Cavalier (Le Combat dans l'île). Mais L'Enfer consacre son avènement. Elle y est triomphante et vénéneuse. Adulte et moderne. Lorsqu'elle fixe son regard sur nous, impossible de ne pas devenir à notre tour comme Marcel : raide dingue amoureux.

    Jacques Morice.  

    Télérama, Samedi 14 novembre 2009          

     

                       ( "Suzanne", LEONARD COHEN. LIVE , LONDON.)

     

     

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    FOLIE DOUCE
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    1964, Henri-Georges Clouzot entraîne Romy Schneider et Serge Reggiani dans LEnfer, histoire d’une jalousie obsessionnelle qui vire à la folie. Mais après quelques semaines, Reggiani claque la porte, Clouzot fait un infarctus et le tournage s’arrête. Tenues au secret depuis lors, les images hypnotiques de L’Enfer surgissent aujourd’hui du passé, ressuscitées par Serge Bromberg. Ce fou de cinéma, spécialiste de la restauration de film, nous raconte LEnfer d’Henri-Georges Clouzot.

    Propos recueillis par Juliette Reitzer.


    Les images que vous avez découvertes étaient-elles à la hauteur de leur légende ?


    C’est Inès Clouzot, la veuve du cinéaste, qui m’a permis d’y avoir accès. Je l’ai convaincue de me céder les droits après que l’on soit restés deux heures bloqués dans un ascenseur… Le film avait la réputation de s’être arrêté après 15 jours de tournage, c'est-à-dire l’équivalent de 30 boîtes tournées. Mais c’était sans compter les essais… Je me retrouve donc avec 185 bobines de négatif sans indications, et surtout, sans aucun son. On met tout bout à bout et là, le choc. D’abord parce que les images étaient éblouissantes, mais aussi parce qu’elles ne répondaient pas du tout à la question : «Que s’est-il passé sur le tournage de L’Enfer d’Henri- Georges Clouzot ?» C’est là qu’il est devenu clair qu’il n’y avait pas une légende, mais deux : le film qu’aurait été celui de Clouzot, et le tournage maudit.

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    En quoi était-ce un tournage exceptionnel pour

    l’époque?


    D’abord parce que les acteurs principaux, Serge Reggiani et Romy Schneider, étaient d’immenses stars. Ensuite parce que Clouzot n’avait pas tourné depuis quatre ans… Le film avait obtenu un budget illimité de la Columbia, et l’entreprise avait pris une ampleur délirante.

    Quels effets visuels vous ont le plus impressionné? 


    Durant les essais, Clouzot a essayé beaucoup de choses. Il y va de la folie obsessionnelle d’un créateur de ne jamais être satisfait de son oeuvre… Des effets de miroir, qui permettent de couper des têtes en deux, de déformer. Il a peint ses acteurs en bleu, en vert, en jaune. Un délire !


    Bernard Stora, stagiaire sur le tournage de Clouzot, affirme que le garde-fou qui a manqué au réalisateur, c’est un producteur. Personne n’était là pour le stopper… 


    Il avait perdu sa mère juste avant le début du tournage. Ajoutez à cela les quatre mois d’essais, qui ont été une expérience épuisante : quand le tournage commence, il est déjà dans le doute. Il a cru qu’il pouvait tout se permettre, mais il fallait un moment qu’il se heurte au principe de réalité. Personne ne s’est manifesté : il faut quand même rappeler que c’était un immense réalisateur, on l’appelait « le Hitchcock français ».

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    Chabrol a réalisé un film, L’Enfer, à partir du scénario de Clouzot. Il a dit à ce propos que « c’est dangereux de prendre le scenario de quelqu’un d’aussi prestigieux et de le ramener à soi ». Avez-vous eu peur de vous lancer dans cette entreprise ? 


    J’ai peur depuis le début. C’est un film maudit qui a failli coûter sa réputation à Romy Schneider, qui a été le point final de la carrière de Clouzot – il a ensuite réalisé un dernier film, La Prisonnière, qui n’était pas une réussite – et qui a coûté une fortune aux assurances. Je me suis dit : « Je suis le prochain sur la liste. » Finalement, je m’inscris comme l’un des acteurs du troisième acte du film de Clouzot, celui de la résurrection.


    Dans le scénario de L’Enfer, le personnage de Marcel finit par dire : « Je sais plus, j’m’y perds. » Comment avez-vous travaillé ce parallèle entre Clouzot et son personnage ? 


    Le parallèle s’installe de lui-même. D’un côté, il y a l’obsession de Clouzot : prouver qu’il est capable d’inventer un nouveau cinéma, au point de perdre les référents même du cinéma [les jeunes Turcs de la Nouvelle Vague venaient de la rattacher, péjorativement, aux films dits de «qualité française », ndlr]. De l’autre, la jalousie obsessionnelle de son personnage, au point de ne plus distinguer le vrai du faux. Leur trajectoire est comparable, et ils sont surtout clairement fascinés par la même femme… Romy Schneider est d’une beauté époustouflante. On ne l’a jamais connue comme ça.

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    Est-il risqué de vouloir disséquer la folie, de la mettre en équation ? 


    Peut-être, mais en même temps Hitchcock a réussi avec Vertigo, ou la séquence de Dali dans La Maison du Dr. Edwards. Pour moi, un des films les plus démentiels sur la folie, c’est All About EveSunset Boulevard de Billy Wilder, c’est la folie dans toute sa splendeur cinématographique. De même que Citizen Kane, d’ailleurs ! En fait, je crois que la plupart des grands films sont ceux qui arrivent à approcher la folie.

    La cinéphilie n’est-elle pas une forme de folie ?
      

    Oui, parce qu’on a envie de tout savoir, de tout connaitre, et c’est évidemment impossible. Moi ce qui me rend fou, c’est l’idée qu’il y a encore des bobines de films enfouies dans des caves ou des greniers. On peut y voir un délire de puissance, mais ce que j’aime, c’est essayer de restaurer le spectateur, c'est-à-dire ce qu’il y a de vivant dans ces films oubliés. Avec L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot, je propose aux spectateurs de remonter le temps avec moi, jusqu’en 1964. Et quelque part, si on remonte le temps, on promet au spectateur de rajeunir : on est dans Docteur Faust !


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    Ayant disséqué à la loupe,  le film formidable de Claude Chabrol " L 'ENFER ",

                                                avec  Emmanuelle Béart,

          dans le role de la" femme-libidinale "et l'extra-ordinaire Francois

                                                  Cluzet, le "fou jaloux"...

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              J'encourage tous les amateurs D' ESTHETIQUE ET DE CINEMA ,

                                                                  D'ALLER

         DISSEQUER LES COULISSES DE CETTE FABLE FOLLE...moi j ' y cours.....

                                                             

                                                               CE WEEK END! 

     

     

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